
LA MÉDECINE ANTHROPOSOPHIQUE
La Médecine Anthroposophique est un système médical qui a été fondé en1920
par Rudolf Steiner et Ita Wegman. La pratique de la médecine anthroposophique
s’intègre dans l’exercice de la médecine universitaire conventionnelle,
elle s’appuie sur les moyens diagnostiques et thérapeutiques usuels.
Elle élargit les moyens conventionnels par un concept holistique en incluant les niveaux corporel, physiologique, psychologique et spirituel de l’être humain.
Les débuts de la médecine anthroposophique
La médecine anthroposophique est née en Europe en 1920 de la collaboration d’un groupe de médecins, notamment le Dr Ita Wegman, avec Rudolf Steiner, philosophe et fondateur de l’anthroposophie. De nombreux médecins ont ensuite développé les concepts et les applications thérapeutiques de la médecine anthroposophique. Plusieurs instituts et structures hospitalières furent créés dès 1921, notamment en Suisse et en Allemagne. La médecine anthroposophique a connu un développement important et continu qui a abouti à une reconnaissance officielle comme « orientation thérapeutique particulière », à l’instar de la phytothérapie et de l’homéopathie, dans la loi allemande de 1976 sur le médicament. Depuis 1999, la MA est une méthode médicale complémentaire reconnue officiellement en Suisse par la Chambre Médicale (FHM).
La médecine anthroposophique en Europe et dans le monde
La médecine anthroposophique est pratiquée dans plus de 60 pays et notamment dans 25 structures hospitalières, 2 hôpitaux universitaires et 120 centres de soins répartis en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, au Brésil et en Suisse. Elle est également pratiquée dans des établissements spécialisés dans la prise en charge et le suivi du handicap psychomoteur de l’enfant dans 19 états membres de l’Union Européenne, en Norvège et en Suisse.
En Europe, sur la base du nombre de prescriptions, il a été estimé que les médicaments anthroposophiques sont prescrits par plus de 30.000 médecins dans 21 des 27 états membres de l’UE, ainsi qu’en Norvège et en Suisse.
En Allemagne, on dénombre 12 hôpitaux ou services hospitaliers anthroposophiques. Dans ces établissements, les médecins intègrent la médecine anthroposophique dans leur pratique, y compris dans la prise en charge des urgences et des soins intensifs en conformité avec le plan de santé du gouvernement fédéral allemand. Ils sont certifiés selon le référentiel « coopération pour la transparence et la qualité des soins de santé » (KTQ).
En Suisse la médecine anthroposophique fait partie des cinq médecines complémentaires que le Département Fédéral de la Santé a décidé d’inclure dans le remboursement par l’assurance maladie. La médecine anthroposophique est exercée dans trois cliniques anthroposophiques et par environ 250 médecins libéraux.
La médecine anthroposophique en France
La médecine anthroposophique est apparue en France autour des années 1930. La première association médicale anthroposophique a été créée en 1974. Aujourd’hui, environ 350 médecins sont inscrits dans les associations médicales anthroposophiques françaises.

Une approche globale du patient
une démarche thérapeutique globale
Une démarche fondée sur des principes éthiques
La médecine anthroposophique s’appuie sur des valeurs fondamentales qui déterminent le cadre éthique de l’exercice des praticiens :
1/ Le principe d’évolution et la liberté individuelle
L’être humain est un être en évolution permanente et il est acteur de sa propre évolution. Chaque être humain suit un chemin individuel vers la liberté que l’acte médical se doit de respecter. Ce principe est formulé dans l’œuvre de Rudolf Steiner par le concept de « l’individualisme éthique » (Philosophie de la liberté).
2/ Le principe de responsabilité vis-à-vis de l’environnement naturel et social
La santé individuelle et collective ne peut se développer en faisant abstraction de celle de la planète, ni de celle de l’environnement socio-culturel et des règnes de la nature. Concrètement, cela implique que les traitements doivent respecter l’environnement naturel et socio-culturel.
3/ Les fondements scientifiques
L’orientation anthroposophique de la médecine est intégrative par essence : la médecine anthroposophique s’appuie de principe sur les données scientifique de la médecine conventionnelle qu’elle élargit sans contradiction ni à priori.
La santé et la maladie concernent l’homme tout entier et pas seulement un de ses constituants, le seul corps physique.
RUDOLF STEINER
La médecine anthroposophique
en tant que système médical
L’organisme humain en tant qu’unité fonctionnelle autonome
La médecine anthroposophique considère l’organisme humain comme une unité fonctionnelle, intégrant plusieurs niveaux qui correspondent aux règnes de la nature (minéral, végétal, animal). Ceci permet d’extraire de la nature les substances et les processus médicamenteux afin de les orienter par une préparation pharmaceutique spécifique vers les processus internes à l’être humain. Elle distingue notamment quatre niveaux d’organisation hiérarchisés :
Le niveau corporel correspond aux structures physiques et moléculaires mesurables et quantifiables, c’est-à-dire à ce que décrivent les sciences médicales fondamentales.
Le niveau physiologique fonctionnel permet d’intégrer les substances physiques dans le domaine du vivant, caractérisé par les processus d’autonomisation et d’échanges, ceux de la différenciation des diverses fonctions des tissus et des organes, de la croissance, du maintien de la vie, de la régénération et de la reproduction. Ce niveau dynamique d’organisation, commun avec le règne végétal, imprègne, conditionne et organise le niveau physique.
Le niveau sensitif et psychique, commun avec le monde animal, fait de l’être vivant un être doué de perceptions, de sensations et de mouvements physiques et psychiques. Sur ce niveau sont fondés les systèmes respiratoire, circulatoire, nerveux et locomoteur.
Le niveau de l’individualité, du « je » correspond à l’individualité de l’être humain, se manifestant par la conscience. Ce niveau spirituel pénètre et modèle l’organisme entier, il laisse son empreinte à travers le niveau psychique, et le niveau physiologique fonctionnel jusqu’au niveau physique (système HLA, groupes sanguins, etc.) et les particularités corporelles spécifiques comme la station verticale par exemple. Il se manifeste dans les fonctions psychiques et cognitives, la capacité de donner sens ou orientation spirituelle à la biographie individuelle.
Ces quatre niveaux d’organisation interagissent entre eux selon trois modalités fonctionnelles différentes :
Le système neurosensoriel inclut le système nerveux et les organes sensoriels, il est prédominant au niveau céphalique. Il comprend également les fonctions de perception externe ou interne. Les fonctions de perception, de pensée et de conscience sont au premier plan dans ce système que l’on peut qualifier de système d’intégration des informations.
Le système métabolique et moteur prédomine dans les organes de la digestion et de l’appareil musculaire. Il comprend au sens large toutes les fonctions de production énergétique, d’échange et d’assimilation ainsi que les fonctions du mouvement locomoteur.
Le système rythmique s’appuie sur le système circulatoire et le système respiratoire. Il est responsable de l’organisation chronobiologique de l’organisme humain. Il englobe toutes les fonctions rythmiques de l’organisme : le rythme cardiorespiratoire, le rythme veille-sommeil les rythmes du péristaltisme intestinal, les rythmes cérébraux ainsi que les variations rythmiques de la journée (circadiennes) et de la production hormonale. Ses fonctions assurent la mise en relation et l’adaptation mutuelle du système métabolique-locomoteur et du système neurosensoriel.
Toute maladie résulte d’une rupture d’équilibre au sein de cette organisation fonctionnelle tripartite, ce qui occasionne une manifestation neurosensorielle ou métabolique au mauvais endroit et/ou au mauvais moment. Par exemple, une douleur intestinale est l’expression de la présence de la conscience neurosensorielle à un endroit où les fonctions organiques se déroulent normalement dans l’inconscience.
Une démarche thérapeutique globale
La médecine anthroposophique intègre les moyens diagnostiques et thérapeutiques de la médecine conventionnelle et elle met également à la disposition du médecin des moyens thérapeutiques spécifiques, conçus pour agir de façon différenciée sur les différents niveaux et les systèmes fonctionnels de l’organisation humaine, de façon adaptée à chaque cas et chaque étape biographique.
Le but de la médecine anthroposophique n’est pas seulement de traiter des maladies, en réintégrant dans sa démarche diagnostique et thérapeutique le patient autour de sa maladie, son objectif est de promouvoir un état de santé optimal (la salutogénèse d’Antonowsky). La maladie n’est pas simplement perçue comme un mal à faire disparaitre, elle est également considérée comme une épreuve de l’individualité qui peut permettre la découverte et la prise de conscience de nouveaux aspects d’elle-même et par voie de conséquence une métamorphose de sa dynamique biographique.
La thérapeutique médicamenteuse
La thérapeutique médicamenteuse anthroposophique consiste à mettre en relation des substances minérales, végétales ou animales empruntées à la nature avec le déséquilibre fonctionnel de la maladie, afin de stimuler dans l’organisme du patient les fonctions d’autorégulation qui permettront de rétablir l’équilibre rompu. La thérapeutique s’appuie sur une démarche analogique fondée sur les relations tissées entre l’être humain et les règnes de la nature au cours de leur histoire commune (les substances de la nature correspondent à des processus intérieurs de l’être humain). Les médicaments se présentent sous forme de préparations homéopathiques (pour 92% des préparations) ou phytothérapiques.
Il existe également des procédés pharmaceutiques spécifiques conformes aux pharmacopées nationales ou européennes (préparations des souches par la chaleur, décoction, infusion incinération ou métaux végétabilisés par exemple). Ils sont administrés par voie orale, par voie injectable sous cutanée, en application externe sous forme de pommade, de collyre et sous forme de suppositoires.
La thérapeutique non médicamenteuse
Les thérapies anthroposophiques telles que l’eurythmie thérapeutique, les activités d’art-thérapie (peinture, modelage, chant, musique, art de la parole), l’étude biographique, la physiothérapie anthroposophique (regroupant différentes techniques de massages) ou encore les soins infirmiers anthroposophiques, constituent une partie importante de la médecine anthroposophique. Elles sont en voie de développement en France
Une démarche qui s’inscrit dans le système de soins
La médecine anthroposophique est pratiquée par des professionnels de santé, en particulier par des médecins généralistes ou par des spécialistes doublement formés : en médecine universitaire et en médecine anthroposophique. Ces médecins reçoivent les mêmes catégories de patients présentant les mêmes types de pathologies que l’ensemble des médecins. Elle est donc pleinement intégrée dans le système de soins et n’a pas d’impact négatif sur l’organisation des soins.
Les indications de la médecine anthroposophique
La médecine anthroposophique n’est pas une médecine alternative. Elle s’intègre dans l’exercice de la médecine conventionnelle et s’appuie sur les fondements scientifiques, diagnostiques et thérapeutiques de celle-ci. Dans ce contexte, la médecine anthroposophique intervient dans toutes les situations de la pratique médicale quotidienne, tant dans les pathologies aigües que chroniques :
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Utilisée en première intention si possible, elle permet souvent d’éviter le recours aux médicaments ayant des effets secondaires (psychotropes, anti-inflammatoires et corticoïdes) ainsi qu’aux antibiotiques (ce qui contribue à la lutte contre l’antibiorésistance). Cette indication en première intention est particulièrement utile dans les situations à risque que peuvent présenter les patients fragilisés : en gériatrie (polypathologies, patients poly-médiqués), en obstétrique et en pédiatrie.
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En accompagnement des traitements conventionnels si nécessaire, la médecine anthroposophique permet :
- D’améliorer la tolérance et de réduire les effets secondaires des traitements (insuffisance rénale, troubles hépatiques, allergies), en particulier dans les maladies chroniques (neurologie et psychiatrie, rhumatologie, gastroentérologie, dermatologie) ainsi qu’en traitement de support en oncologie.
- D’éviter l’accoutumance et la dépendance (diminution ou sevrage des psychotropes en psychiatrie, des anti-inflammatoires et des corticoïdes en rhumatologie par exemple).
- Par l’individualisation thérapeutique, elle ne se contente pas, dans les maladies chroniques, de gérer les symptômes, mais d’optimaliser le bien être du patient.
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Enfin, la médecine anthroposophique intervient également en relais des traitements conventionnels:
- En cas d’échec thérapeutique ou de contre-indication (affections musculosquelettiques, allergies, maladies auto-immunes, etc.).
- Pour éviter les récidives dans de nombreuses situations (les maladies infectieuses de la sphère ORL et bronchopulmonaires, les allergies et les épisodes asthmatiques, les dermatoses atopiques, les états anxio-dépressifs, les affections rhumatismales etc.).
Des standards internationaux
Un programme standard international de formation des médecins (Core Curriculum) a été défini par l’Association Internationale de Médecine Anthroposophique (IVAA : https://www.ivaa.info). Le suivi de ce cursus est sanctionné par l’obtention d’un Certificat International en Médecine Anthroposophique délivré par la Section Médicale du Goetheanum situé à Dornach en Suisse (https://medsektion-goetheanum.org).
Les formations de l’ AREMA sont accréditées par la Section Médicale du Goetheanum.
Le référentiel de formation de l’OMS
L’OMS a publié le 28 mars 2023 un référentiel pour la formation des professionnels de santé en médecine anthroposophique. (https://apps.who.int/iris/handle/10665/366645).
Cette publication qui vise à garantir la formation minimale des professionnels de santé, et ainsi de garantir la sécurité des patients, invite les nations à traduire les critères en normes nationales de formation.
Bibliographie en médecine anthroposophique
Parmi l’immense œuvre publiée par Rudolf Steiner, vous trouverez ci-dessous 15 ouvrages représentatifs particulièrement utiles pour approfondir l’étude de la médecine anthroposophique, ainsi qu’un répertoire d’une trentaine de publications d’autres auteurs qui illustrent la médecine anthroposophique à partir de points de vue très différents. Deux ouvrages « pratiques » dans la bibliographie en médecine anthroposophique sont particulièrement à recommander :
- Le Vademecum des médicaments anthroposophiques
- Le manuel de pratique médicale anthroposophique de H.Schramm.
Rudolf Steiner
Le Numéro “GA” (Gesamtausgabe) renvoie aux éditions complètes en langue allemande.
– Données de base pour un élargissement de l’art de guérir, GA 27 – Éditions Triades, Paris.
– Physiologie occulte, GA 128 Éditions Anthroposophiques Romandes (EAR), Genève
– Médecine et science spirituelle, GA 312, EAR, Genève
– Thérapeutique et science spirituelle, GA 313, EAR, Genève
– Physiologie et thérapie, GA 314, EAR, Genève
– L’art de guérir approfondi par la méditation, GA 316, EAR, Genève
– Pédagogie curative, GA 317, EAR, Genève
– Psychopathologie et médecine pastorale, GA 318, EAR, Genève
– Médicament et médecine à l’image de l’homme, GA 319, EAR, Genève
– Santé et maladie, GA 347, EAR, Genève
– Anthroposophie et psychanalyse, in GA 61-178-143, Triades, Paris
– Comment acquérir des connaissances sur les mondes supérieurs ou l’initiation, GA 10, Triades, Paris
ou, Comment parvient-on à des connaissances des mondes supérieurs, GA 10, Éditions Novalis, Montesson
– Science et Vérité, EAR, Genève
– Philosophie de la liberté, EAR, Genève
Autres auteurs
- ADAMS G. et MARTI E. : Le monde éthérique, éditions Triades, Paris
- BERRON J.: Santé mentale et anthroposophie, Éditions Les Trois Arches, Chatou
- BOTT V.: Médecine Anthroposophique, Tomes I (épuisé) et II, Triades, Paris
- BÜHLER W.: Le corps, instrument de l’âme, Trois Arches, Chatou
- COLLOT D’HERBOIS L.: Lumière, ténèbres et couleur – Thérapie par la peinture, EAR, Genève
- DUCOMMUN G.: Sociothérapie, EAR, Genève
- FINTELMANN V. : Médecine intuitive, Triades, Paris
- GIRKE M. : Innere Medizin – Salumed Verlag GMBH, Berlin
- GLÖCKLER M. – Goebel W.: L’enfant – Son développement, ses maladies, EAR, Genève
- GLÖCKLER M. – L’enfant – Éditions EAR
- GOETHE J-W. – La métamorphose des plantes – Editions Triades, Paris
- GROHMANN G. La Plante – Éditions Triades, Paris
- GROU J. : La dyslexie, petite enfance et prévention, éditions Triades, Paris
- HOLTZAPFEL W.: La médecine de l’avenir, Triades, Paris
- HUSEMANN F. – WOLFF O.: La médecine à l’image de l’homme, Tomes I et II, Triades, Paris
- KEMPENICH R.: Le cancer, de la cellule à la conscience, APMA
- KEMPENICH R.: Le Viscum Album en cancérologie, éditions Médicales Anthroposophiques 2016
- KÖHLER H.: Les enfants agités, anxieux, tristes, Novalis
- KÖHLER H.: La jeunesse déchirée, Novalis
- KOOB O.: L’âme en manque, Trois Arches, Chatou
- LIEVEGOED B.: Phases de l’enfance, Trois Arches, Chatou
- MARTI E.: L’éthérique et le miracle du vivant, éditions Triades
- PELIKAN W.: L’homme et les plantes médicinales – Les plantes médicinales et les êtres élémentaires – Triades, Paris
- SCHRAMM H.: Manuel de matière médicale anthroposophique, éditions EMA
- SOLDNER G., STELLMANN H.M. : Individuelle Pädiatrie, wissenshaftliche verlagsgesellschaft, Stuttgart
- TREICHLER R.: Psychiatrie ou antipsychiatrie?, éditions Triades, Paris
- TREICHLER R.: Dynamique de la schizophrénie. Pour une psychiatrie différente, éditions Triades, Paris
- TREICHLER R.: Biographie et psychologie, éditions Triades, Paris
- TREICHLER R.: Psychopathologie et vie quotidienne, éditions Aethera, Paris
- WEIHS S.: L’enfant différent, Trois Arches, Chatou
- Vademecum des médicaments anthroposophiques, première édition Française 2012. Supplément à Der Merkurstab, Journal of Anthroposophic Médecine, 2012

SE former à la médecine anthroposophique
Les formations sont ouvertes à tous les professionnels de santé : médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, kinésithérapeutes, infirmiers(es), ainsi qu’aux art-thérapeutes.
Le cycle de formation est conforme au programme de formation internationale proposé par la IVAA (Fédération Internationale des Associations Médicales Anthroposophiques). Il est sanctionné par une certification internationale en médecine anthroposophique.
Les formations orientées vers la pratique médicale sont animées par des médecins ayant une longue expérience de la médecine anthroposophique.